Noiser, présente :
✘ Rémi Panossian Trio (Jazz Rock - Toulouse)
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RP3, dit comme ça, on pense un peu naïvement au nom d’un obscur terminal d'aéroport où l'on croise les doigts pour que notre bagage cabine pèse moins de 8kg sur la petite balance.
Sachez que si c’est la première chose qui vous est venue à l’esprit, vous avez tout faux.
Enfin, pas exactement tout faux ; RP3, le trio fièrement guidé par le pianiste Rémi Panossian, vient de dévoiler son 8e album. Loin de moi l’idée de vous écrire noir sur blanc : “c’est une invitation au voyage” mais, quand même, avec ce disque, il y a un truc.
Cela fait bientôt 20 ans que Rémi, Fred (Petitprez à la batterie) et Maxime (Delporte à la basse) sont potes, et 15 ans qu’ils font de la musique ensemble. Pour celles et ceux qui ne verraient pas bien, 15 ans de musique, c’est un peu comme une famille
qui sait exactement où aller quand elle veut des vacances : il faut du soleil, un petit coin de nature, une bière à un prix raisonnable, mais surtout se sentir chez soi 20 minutes après avoir posé ses valises.
Ce sentiment, c’est en Asie que les gars l’ont rencontré pour la première fois, et comme piqués par on ne sait quel mal, ils ont décidé d’y retourner, à peu près 15 fois, pour sillonner le continent.
Et à force d’habitude ou tout simplement comme une évidence ; c’est en Corée que leur choix s’est arrêté quand il a fallu répondre à la fameuse question “oh les gars, le 8ème on l’enregistre où ?”
Alors oui, peut-être qu’avec “You must believe in spring roll”, “Hello Kimchi”, ou “Bibimbop”, vous aviez compris qu’il était aussi - en studio - question de soupes de poulet et autres réjouissances. Mais il fallait bien ça pour glisser discrètement qu’ils ont infusé un pays, un mode de vie et plus encore pour composer cet excellent album, loin de leur terrain de jeu habituel.
Cependant, avec 88888888, RP3 reste fidèle à ce qu’on aime chez eux : un jazz relâché mais maîtrisé, avec ce laisser-aller de trois amis qui jouent ensemble depuis tant d’années qu’ils n’ont besoin de rien d’autre qu’un studio et d’un peu de temps de qualité pour, plus tard, faire résonner ce disque dans les murs de nos salons respectifs. Et les 15 ans de complicité vous allez les sentir passer dans chacun des titres de ce nouvel album, où toutes les notes, tous les coups de groove, toutes les intentions semblent liées entre elles comme si RP3 n’était plus un acronyme mais
une nouvelle forme de jeu à 3.
Comme une boucle intemporelle, ou un code wifi universel (histoire vraie), 88888888 est aussi un disque ponctué d’interludes, tantôt jungle, tantôt funky, et souvent très électroniques, pour rappeler inlassablement qu’il y a du jazz dans tout ce que l’on regarde, si l’on regarde bien.
Mais la meilleure façon de finir cette bio, c’est peut être tout simplement de lancer 88888888 où que vous soyez, pour enfin comprendre pourquoi le chiffre 8 vous portera bonheur.